Concept-car symbolisant un nouveau souffle pour le constructeur italien Lamborghini, le Concept S a sans doute marqué quelques passionnés de la marque. Un souvenir reproduit il y a maintenant quelques années par Mondo Motors, connu pour ses véhicules radiocommandés. Que vaut donc cette reproduction aujourd'hui ?
Commençons sans plus tarder par rappeler l'histoire de ce concept que certains d'entre vous ne connaissent probablement pas !
Histoire du modèle
Nous sommes en 2003, Lamborghini présente son nouveau modèle : la Gallardo. C'est le second modèle de la marque sous le giron d'Audi, suite à son rachat par le groupe Volkswagen 5 ans auparavant. Ce rachat permettra au constructeur italien de connaître un renouveau grâce à l'utilisation de ressources du groupe allemand. Les modèles témoigneront d'une nette progression en termes de qualité : mieux finis, plus aboutis et plus fiables. Ils rattrapent également leur retard technologique en intégrant des technologies d'assistance à la conduite, permettant ainsi de proposer des autos un peu plus à la portée de tous les conducteurs (les modèles précédents étant réputés pour leur dangerosité et la nécessité de compétences de pilotages pour en prendre le volant).
Une Lamborghini Gallardo de 2003 (source : Lamborghini).
La Gallardo sera proposée comme le produit d'entrée de gamme de Lamborghini, avec un ticket d'entrée sous la barre des 200.000€. En plus d'un design radicalement expressif et futuriste (je trouve que sa version restylée n'a pas perdu de sa superbe), l'auto est aboutie et s'avèrera comme un best-seller avec plus de 14 000 unités produites sur 10 ans. De quoi faire taire les critiques la jugeant un tant soit peu aseptisée avec son échappement plus discret et son V10 ne délivrant "que" 500 chevaux. Le positionnement haut de gamme étant réservé à la Murcielago, puis à sa descendante l'Aventador (dès 2011), toutes deux proposées avec un V12.
Sketches des designers du concept-car. On remarque l'emploi de multiples techniques, comme l'emploi de bic, de marqueurs et le début de l'utilisation d'outils numériques (source : Car Body Design).
Suite à la commercialisation de la Gallardo, existant alors exclusivement en coupé 4 roues motrices, la marque envisage de proposer de nouvelles variantes du modèle dont les chiffres de vente ne démentent pas le succès. Une version Spyder est envisagée, et la réalisation d'un concept-car annonciateur est envisagée afin de fidéliser des acheteurs potentiels qui auraient un coup de cœur sur ces lignes et que l'attente du modèle définitif soit accrue. C'est le designer en chef de la marque, Luc Donkerwolcke, qui est à la tête du projet. A sa révélation au salon de Genève, en 2005, le Concept S est présenté comme une réinterprétation moderne des roadster à une place italiens du passé. Ici, l'auto est réinterprétée sous forme de barquette deux places, dont le cockpit du pilote est séparé de celui du passager par un montant horizontal dans le prolongement du centre du capot. Pour sublimer cette ligne, le classique pare-brise est remplacé par deux saute-vents individuels qui entourent chaque cockpit en se prolongeant dans le vitrage latéral. Comme leur nom l'indique, ils sont censés dévier le flux d'air au-dessus de la tête des passagers. L'arrière de la classique Gallardo est ici remanié, pour être légèrement abaissé et redessiné en son centre. Cette configuration impose aussi la suppression du rétroviseur intérieur. Pour lui sustenter, une petite caméra de recul est intégrée dans le spoiler arrière, mais avec la position de l'écran central juste sous l'arceau de séparation, difficile de l'imaginer visible pour le pilote ! Il faut dire que les concepts sont assez rarement envisagés sous l'aspect ergonomie de conduite 😉, surtout qu'il est surtout considéré comme un "exercice de style".
Images de la Lamborghini Concept S dans les brochures de vente aux enchères (source : RM Auctions).
Lors de la présentation du véhicule à Genève, il s'agit d'une maquette de style roulante réalisée en argile. Malgré l'intérêt de clients suscitant l'idée d'une production très limitée à 100 exemplaires, le véhicule ne connaîtra une production qu'à un seul exemplaire en 2006. Cet exemplaire fonctionnel reprend la base technique de la Gallardo SE, une édition limitée dont le V10 est poussé à 520 chevaux. On pourrait le croire destiné à une exposition en musée, mais il fut vendu à un acheteur intéressé (et probablement fortuné) qui avait pré-signé pour un des 100 exemplaires initialement envisagés, sous réserve de le confier au constructeur pour certaines expositions comme le Concours d'Elégance de Pebble Beach en 2008. Cet unique exemplaire doté du numéro de châssis 001 a refait parler de lui récemment: après une vente aux enchères où il n'a pas trouvé preneur à 4 millions de dollars en 2015, il fut vendu pour 1.32 millions de dollars en 2017 à Abu Dhabi puis remis en vente fin 2019, avec moins de 200 kilomètres au compteur, sans trouver preneur à une estimation de 1.3 - 1.6 millions de dollars.
La miniature
Le Concept S fut proposé comme il se doit par un fabricant italien de modèles réduit. C'est la firme Mondo qui s'est livrée à cette exercice. Cette firme fabriquait initialement des aménagements d'infrastructures sportives avant de développer un pôle dans la fabrication de jouets. La division Mondo Motors, spécialisée en véhicules jouets, fut créée en 2006. Dans un premier temps, elle s'est concentrée sur la fabrication de miniatures Die Cast comme celle-ci avant de se spécialiser dans les véhicules radiocommandés, qui lui ont garanti une plus large réputation au travers de l'Europe. Depuis 2015, la branche se spécialise aussi dans les drones, secteur relativement porteur depuis plusieurs années.
Davantage considérés comme des jouets que de véritables véhicules de collection, les miniatures Mondo Motors sont proposées à des prix très accessibles. La qualité proposée est généralement basique avec des plastiques peu valorisants. Toutefois, le moulage de véhicules en Die Cast (procédé spécifique de moulage à base d'alliages d'aluminium, de magnésium et de zinc) permet de réaliser des ouvrants et donc de proposer un modèle réduit assez complet.
Parenthèse faite, intéressons-nous à cette miniature proposée au dix-huitième par ce fabriquant. Si mes souvenirs sont bons, je l'avais achetée en 2014 à une trentaine d'euros. Aujourd'hui c'est difficile, mais pas impossible, d'en trouver une à cette échelle et dans cet ordre de prix, surtout dans un état correct étant donné que l'on parle plutôt d'un jouet que d'un véritable modèle de collection.
Aux premiers abords, on reconnaît immédiatement le concept dans ses formes et proportions. Un peu moins dans ses coloris en revanche. Le blanc appliqué sur la carrosserie a beau présenter de beaux effets nacrés, il vire un peu trop sur les tons crèmes par rapport à ceux du modèle original. Le constat est encore plus marquant si l'on se réfère à la couleur des sièges et même à l'habitacle en général, dont le gris est tout simplement incompatible avec l'original cuir noir à bordures blanches du Concept S. Les matériaux employés ne suggèrent pas particulièrement une qualité extraordinaire: le plastique semble en apparence assez cheap comme en témoignent les jantes notamment. Cela se confirme lors de la prise en main où l'auto semble très creuse et légère. Regardons le modèle plus en détail pour voir si ce premier ressenti se confirme.
La ligne générale du véhicule a été bien rapportée. Les proportions sont maîtrisées tout comme les niveaux de courbure. Je suis curieux de savoir si cette miniature a été initialement modélisée ou bien si le concept 1:1 a été scanné ! Ceci dit, c'est la qualité du moulage qui fait surtout point noir. C'est dommage que les poignées de porte n'aient pas été un minimum creusées en leurs contours pour leur donner un aspect plus réaliste. Les panel gaps, ou lumières entre pièce assemblées, sont aussi particulièrement marquants. On distinguerait presque la charnière des porte en position fermée ! C'est également assez marquant au niveau du capot arrière, bien que le jeu soit un peu plus réduit.
Malgré ma remarque un peu dure quant aux jantes, on remarquera que les disques et leur étrier ont été détaillés sur la miniature. Cela contribue à un peu plus de réalisme en dépit de textures qui manquent de réalisme.
Concentrons-nous sans plus tarder sur l’avant de la miniature. C’est ici que la peinture est le plus marquée puisqu’elle a quasiment tourné au beige sur le bas du bouclier, même si les photos ne le rendent pas tant. Avant tout, on remarque rapidement un accroc de peinture au niveau de la jonction entre le coffre (à l’avant, on est sur une Lamborghini n’oubliez pas) et le bouclier. Quelques petites imperfections de peinture sont aussi visibles dans le creux qui loge la plaque d’immatriculation.
Autre détail marquant : la découpe un peu approximative du logo, bien que centré sur le véhicule. Si c’est volontaire pour donner un effet de relief, je crains que ce soit un peu loupé.
Hormis ceci, on peut voir que l’avant présente un niveau de qualité assez moyen, mais qu’on peut s’y attendre pour une miniature dans cet ordre de prix. Les feux sont détaillés très sommairement par un seul même plastique moulé grille brillant, ça fait le job. Il en est de même pour les grilles d’aération qui sont pleines mais ont le mérite de détailler les motifs. Enfin, la plaque d’immatriculation témoigne d’une qualité un peu décevante, bien qu’on soit sur un modèle cheap, ces reflets alus un peu floutés n’ont pas bien évolués avec le temps !
Sur les côtés avant et arrière, on trouve également des répétiteurs de clignotants modélisés au niveau des ailes, à hauteur des feux, comme sur le modèle original. Ils ont ici été moulés avec la carrosserie et ont été distingués avec des traits de peinture. Pas terrible mais convenable, et moins flagrant que le mauvais moulage des poignées de porte ! Ceci dit, ils ont été peints en gris à l'avant alors qu'ils devraient plutôt être oranges si je me fie aux images du modèle réel.
Si l'on ne tient pas compte du fait que le petit creux entre l'aileron et la partie centrale creusée de la carrosserie n'a pas été moulée, on peut dire que l'arrière a été reproduit avec fidélité. L'ajout d'une plaque d'immatriculation épaisse et disgracieuse à souhait au centre est peut-être de trop (oui, aujourd'hui j'ai décidé de pas être sympa). Le moulage et la peinture sont corrects sans pour autant témoigner d'une haute qualité. Evidemment, les grilles sont bouchées, tout comme les sorties d'échappement. Malgré tout, ça fait bien le job pour ce qu'on en attend. Les feux arborent les motifs originaux du concept, ce qu'on peut saluer tout de même. En revanche, je trouve que la décalcomanie Lamborghini appliquée sur la malle de coffre fait vraiment cheap.
Dernier point : quel dommage que le petit relief sur l'aileron logeant la caméra de recul n'ait pas été détaillé sur cette miniature ! On comprend cependant que cela n'apporterait pas beaucoup de valeur.
Vue de dessus, la miniature du Concept S peut être flatteuse malgré tout. Les surfaces vitrées (en plastique un peu cheap certes) permettent d’obsserver l’intérieur et l’habitacle avec un certain intérêt. Encore faudrait-il maintenant que les couleurs de l’habitacle soient les bonnes !
On notera que le plastique des vitres semble également avoir un peu jauni, sans doute un effet du soleil aussi. Ce n’est pas improbable que la miniature ait séjourné un moment dans une partie de vitrine parfois exposée aux rayons de soleil.
On notera que la petite antenne sur le capot a aussi été modélisée, en plastique légèrement souple mais ça ne l'empêche pas d'être fragile !
Avant de nous attarder sur le cockpit de cette miniature, mentionnons que cette miniature dispose de nombreux ouvrants. Un point positif, surtout au vu du tarf où elle était proposée. Bien sûr la sensation de fermeté n’est pas au rendez-vous. C’est un point qui permet de faire pardonner un peu la qualité, d’autant que c’est assez rare de pouvoir accéder à des compartiments sur des miniatures de concept-cars !
On notera l'originalité de ces ouvrants. C'est très caractéristique d'un concept-car par ailleurs : esthétique (la voiture semble s'ouvrir comme un coffret) mais peu pratique. Imaginez-vous charger vos bagages à l'avant !
Passons à l'intérieur... où on ne manquera certainement pas d'esprit critique ! Comme mentionné au-dessus, la plus grande déception c'est sans doute ce cockpit tapi d'un plastique gris sans âme, tandis que l'intérieur véritable est noir ! Pourtant, les aérateurs semblent avoir été peints en noir. Et encore mieux : le volant, lui, est en plastique noir ! Cela paraît plutôt étrange de ne pas avoir directement choisi ce plastique noir tout l'habitacle, même si on se doute que cette couleur aurait pu réveler des imperfections et ne pas être très esthétique sous la poussière. Il n'empêche que le contraste du noir avec la carrosserie aurait pu améliorer la qualité perçue... enfin ce n'est que mon humble avis !
Un plastique blanc mat pas très flatteur a été employé pour une partie de la console centrale et les poignées de porte intérieures, tandis que le levier de vitesse a été moulé dans un plastique noir. Rien d'extraordinaire mais on saluera l'effort d'avoir varié les couleurs.
Un mot sur l'assemblage des plastiques : assez approximatif. On peut le constater au niveau de la console centrale ou encore sur le cliché à porte ouverte où on peut aperçevoir une grosse ouverture vers du vide.
Outre cela, le moulage fait le job, même si je n'ai décelé qu'une seule pédale dont le design me laisse dubitatif. Il n'y a pas de décalcomanies sur la planche de bord mais uniquement pour les compteurs et au centre du volant. Ils font le job, même si le ne sont pas fidèles à 100%. Sur le modèle original, on distingue de nombreuses touches de blanc sur l'affichage compteur et sur le volant, ici absentes.
Un dernier mot sur le montant central dont les plastiques sont bruts mais dont la rigidité est cependant suffisante : je glisse un doigt en-dessous pour transporter la miniature, ce qui n'est pas si lourde compte-tenu de la faible masse de ce modèle.
Si on regarde le cockpit dans les détails, on peut voir que la continuité du vitrage avec le saute-vent n'est pas non plus parfaite. Ce n'est qu'un détail que j'avoue peu contraignant pour cette miniature.
Les rétroviseurs ne sont pas d'une qualité incroyable mais ils font l'affaire. Je connais des miniatures plus chères qui perdent la glace du rétro pour moins que ça ;)
On ne le voit pas bien, mais une bande dorée brillante a été intégrée juste en-dessous du montant central ! C'est une petite plus-value pour cette miniature, bien qu'elle soit difficilement discernable.
Le capot arrière intègre un plastique transparent bien moulé et assemblé, même si on distingue les trois emplacements permettant son assemblage, un peu disgâcieux, aux extrémités de celle-ci.
Cette partie en plastique transparent vient buter contre des arches peinte d'une laque noire qu'on aurait bien vue sur les sièges également ! Au travers de cette intriguante custode, on peut distinguer un moulage assez réussi du moteur. En tout cas, c'est satisfaisant de le contempler au-travers de cette surface vitrée. Mieux encore, on peut l'observer de plus près en ouvrant ce capot !
En ouvrant le capot arrière, l'effet "whouaouh!" se fait moins ressentir. Bien qu'on apprécie le moulage du moteur et les quelques soins qui lui ont été apportés (touches de peinture, décalcomanies), la baie moteur autour se contente d'emploi de matériaux à la finition basique. Les charnières sont nettement apparentes et on discerne les points de fixation de la custode transparente. Encore une fois, ça peut être pardonnable étant donné le prix attractif de la miniature.
Pas grand chose à raconter non plus du côté de l'ouverture du coffre situé à l'avant. Bien qu'il n'y ait pas de poignée pour cette manipulation, elle se fait de manière assez aisée en raison du jeu de ce capot avec la carrosserie, y compris fermé.
A l'intérieur, on retrouve un plastique brut noir. Plutôt normal pour le coup. La charnière d'ouverture est assez visible mais on saluera le fait d'avoir pu en mettre qu'une seule, et ce sans que le capot de coffre de se désaxe.
Dernier point de détail de cette miniature : les soubassements, ici représentés par une unique plaque en plastique noir servant de base pour loger les vis de fixation et les vis du socle, sont détaillés au plus simple appareil. On distingue un léger relief d'une architecture 4 roues motrices dont les cardans avant me paraissent un tantinet trop fins... mais je chipotte là ! On peut voir que cette auto a été assemblßee en Chine, et qu'elle a une sorte de curieux matricule gravé en blanc.
Autre point que je n'ai pas mentionné : la miniature a ses 4 roues qui tournent indépendamment. L'essieu avant peut également pivoter en liaison avec le volant.
Conclusion: S pour simple ?
Malgré la qualité un peu simpliste de la miniature, difficile d'émettre un avis trop négatif compte-tenu de sa vocation première de jouet. Forcément, le tarif bon marché explique aussi ce positionnement. Le plus curieux reste cette possibilité de jouer avec un concept-car, dont le principe est plutôt celui d'exclusivité ! Ceci dit, je ne critiquerai pas ce positionnement car au moins cette miniature permet à n'importe quel enthousiaste ou amateur de compter un petit concept dans ses modèles réduit pour un prix plus que correct.
Étonnament, ce seront plutôt les collectionneurs de miniatures de concept-cars comme moi qui pourraient être contrariés de voir une miniature dont la qualité détonne afce à ses compères ! Un constat partagé avec une autre miniature qui est d'ailleurs aussi fabriquée par ce constructeur: le concept Lamborghini Estoque !
Au final, il s'agit d'une miniature que je pourrais recommander à n'importe quel collectionneur au vu du prix... du moins pouVais ! Maintenant le modèle s'est raréfié et peut sans doute être proposé à des tarifs clairement au-dessus de sa vraie valeur. Se procurer un concept-car miniature est certes tentant, mais attention aux abus spéculatifs malgré tout, sait-on jamais !
Le verdict Miniatures Pour Rêver*
Qualité : ☁
Niveau de détails : ☁ ☁
Dotation** : ☁ ☁ ☁
Prix/prestations : ☁ ☁ ☁ ☁ ☁
Note finale : 10/20
*chaque paramètre est évalué sur une échelle de 0 à 5
**évaluation de la présence d'éléments de type : roues tournantes, ouvrants, roues orientables, synchronisation roues/volant, suspensions