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Roadtest #2 : Toyota iQ 68 VVT-i

Dernière mise à jour : 31 mars 2022


A travers cet article, vous découvrirez une voiture - que vous ne connaissiez peut-être même pas avant de lire ces lignes - géniale : la Toyota iQ, micro-citadine commercialisée de 2008 à 2014.

Elle est présentée comme la plus petite voiture urbaine à quatre places du marché, même si en réalité l'une des quatre places est limitée à la taille d'un enfant. Toyota la présente comme de conception totalement nouvelle. Ainsi, les sièges avant sont légèrement décalés l'un par rapport à l'autre, offrant à l'arrière une place adulte et une réservée à un enfant. Cette Toyota est produite au Japon où elle est vendue depuis novembre 2008. Elle est commercialisée en Europe en janvier 2009. Son nom signifie « quotient intellectuel » (en anglais « intellectual quotient »).


La Toyota iQ est à mes yeux une voiture exceptionnelle, de par sa conception ingénieuse mais aussi par son design et son caractère.


Alors oui, je m'aventure sur un terrain dangereux puisque cette voiture a une réputation plutôt controversée : on aime ou on aime pas. L'iQ a souffert d'une faible production liée à un tarif trop élevé et un manque de popularité auprès du public qui pour la plupart ne connaît pas ce modèle. Mais l'enjeu de cet article est là : redonner toutes ses lettres de noblesse à l'iQ.


Pour tenter de vous convaincre du mieux que je peux, je vais me servir de mon expérience de conduite et de vie au quotidien avec cette voiture que je connais bien depuis plus de 6 ans.

Pour illustrer mes propos, bien sûr, cette Toyota iQ 68 VVT-I de 2009 fera très bien l'affaire. Vous l'avez certainement déjà aperçue dans certains articles comme celui sur l'Aston Martin Cygnet d'ailleurs !


Leitmotiv : 4 places dans moins de 3 mètres de long

C'était la consigne du cahier des charges au moment de la conception de l'iQ. Pour y arriver, les ingénieurs ont pensé à tout pour gagner un maximum d'espace, ils sont partis sur la base d'une Yaris et ont eu recours à des innovations majeures : le montage du différentiel à l'avant, des roues avant repoussées aux extrémités (permettant un bon empattement), l'adoption d'un boîtier de direction à prise de force centrale, l'adoption d'un réservoir de carburant profilé sous le plancher, des dossiers de sièges amincis, la compactification du bloc de chauffage/climatisation, adoption d'une planche de bord asymétrique...

Toutes ces innovations ont permis aux ingénieurs de Toyota de réduire de 77 centimètres en longueur l'initiale base de Yaris pour créer la plus petite 4 places du monde, longue de 2,985 mètres !


Cet objectif de conception caractérise cette voiture dans ses moindres détails, un leitmotiv qui lui permet de paraître si petite de l'extérieur et si spacieuse de l'intérieur.

La voiture a beau être petite, il est impressionnant à quel point les passagers se sentent à l'aise à l'intérieur : l'espace est suffisant, les sièges sont confortables et l'on se sent en sécurité à son bord (ce qui n'est pas forcément le cas de toutes les citadines où il se dégage une impression de fragilité).

Grâce à la planche de bord et les rangs de sièges avant asymétriques, un véritable espace se crée et l'iQ loge aisément 3 personnes de plus d'un mètre quatre-vingt. La hauteur de plafond surprend également : en effet, contrairement à d'autres modèles, la position de conduite ne me pose pas de problème du haut de mon mètre quatre-vingt dix.


Design extérieur

Dessinée en France dans les locaux de design " ED2 " de la marque basés à Sophia-Antipolis, l'iQ arbore un design très en avance pour son époque. Sa forme générale repose sur le principe de déséquilibre parfait des proportions qui s'exprime par le rapport entre compacité et largeur de la voiture (1,680 m) qui lui donne, vue de l'avant, une allure de voiture bien campée.

Dans le design de l'iQ, chaque moindre élément participe à la ligne générale de la voiture : les passages de roues et les boucliers, par exemple, ne font qu'un avec les porte-à-faux avant et arrière, affirmant ainsi une impression de force et d'agilité.

Son design suit des conventions de géométrie aux formes libres, en français cela signifie que les designers ont défini les lignes de l'iQ en s'inspirant notamment de théorèmes d'équations mathématiques comme ceux de Dini et Sherk (qui n'est pas un ogre vert).

Le coefficient de pénétration dans l'air (Cx) de la voiture est ainsi de 0,305, une référence dans la catégorie des citadines !


Finalement, le design de cette voiture vieillit très bien et est toujours actuel. Cela s'explique par la tendance actuelle du design automobile à s'inspirer de l'architecture, et notamment de l'architecture paramétrique qui s'inspire de modèles mathématiques.

L'iQ a une allure de petit cube sur roues, avec des lignes galbées et tendues pour donner plus de souplesse et des passages de roues élargis qui lui donnent cet allure dynamique.


Nous noterons que le modèle ici essayé dispose du kit de carrosserie sport (becquet, jupe arrière, sortie d'échappement sport, coques de rétroviseurs chromées). Ces accessoires contribuent à renforcer cet aspect dynamique et agile. D'un point de vue personnel, je trouve que le becquet fait ici partie intégrante de la ligne du modèle, il contribue à prolonger le ligne de custode et donne une allure plus élancée, moins cubique/compacte.


Design intérieur

En plus de sa conception ingénieuse, l'iQ a également soigné sa présentation intérieure.

Malgré l'audace d'une planche de bord asymétrique, les lignes intérieures dégagent de la fluidité et une certaine harmonie.

Console centrale de l'iQ.

Pour cette planche de bord, les designers intérieurs ont cherché une allure minimaliste et se sont inspirés du monde marin. En effet, la console centrale en V est inspirée de la forme d'une raie manta, et la casquette de compteurs est inspirée de la forme de coquillages.


C'est ce minimalisme qui contribue à l'allure spacieuse de l'habitacle : les surfaces creusées et la centralisation des commandes sur la console centrale donnent cette impression d'espace au passager du véhicule. Un minimalisme qui se retrouve jusqu'aux commandes de volant où un bouton et un joystick permettent de gérer les fonctions de l'ordinateur de bord.


A bord, la prise en main des commandes est ainsi simpliste et très intuitive.


Conduite

En matière de plaisir au volant, l'iQ n'a franchement pas à rougir ! Son faible rayon de braquage (3,9 mètres, le meilleur du marché à sa sortie) et sa direction fluide en font une voiture extrêmement maniable, un tour de volant et vous pouvez faire un demi-tour rapide dans une rue sans avoir à vous y reprendre.

Son moteur essence de 68 chevaux est également réactif et nerveux, il faut bien maîtriser l'embrayage et son haut point de patinage lors d'un départ puisque la pédale d'accélération sensible peut la faire hurler dans les tours (voire crisser les pneus) en relâchant l'embrayage.


Compteurs de l'iQ, dont l'architecture rappelle un coquillage.

Rajoutez à ceci, une boîte de vitesse agréable et bien lubrifiée. Les vitesses passent aisément et sans brutalité : pousser délicatement le levier du bout des phalanges (en embrayant bien entendu) suffit à enclencher un autre vitesse. L'aspect sensoriel est aussi fort : la forme sphérique épousant la main et le gainage en cuir procurent un réel plaisir à changer de rapport.


Toutes ces caractéristiques réunies font ainsi de l'iQ un véritable karting qui, malgré un moteur manquant de souplesse à bas régime, se révèle être un plaisir à conduire. Cette nervosité du moteur la et vivacité de la direction lui donnent un sacré caractère qui la rend unique en tout genre !


Grâce à sa robustesse, son confort et son niveau de sécurité on se sent très à l'aise au volant. La largeur de la voiture et l'insonorisation ont l'ultime atout de nous faire oublier le gabarit d'une micro citadine.


Petite pause dans la campagne, dans les paysages du Beaujolais durant notre séance photo. A l'occasion de l'organisation du Rallye de Charbonnières Classic, où j'ai eu l'occasion de prendre en photo de belles machines mécaniques ; l'iQ m'a permis de me déplacer et me garer facilement pour prendre en photo le passage en ville des véhicules.

Une petite virée où il fallait prendre des raccourcis dans la campagne pour rattraper le cortège de véhicules anciens suivant le tracé du roadbook, ce fut l'occasion de me découvrir des talents de pilote en négociant la corde de chaque virage... (sensationnel) mais passons et oublions cette phrase !


Vie à bord

Ingénieuse, ça oui ! Grâce à ses sièges arrières facilement modulables, le passage en 2 ou 3 places se fait très rapidement. Il suffit de sortir l'appuie-tête, le poser sur l'assise du siège et le replier par dessus grâce à l'aise d'une poignée. Ce qui peut permettre de passer à un volume de chargement de près de 250 décimètres cubes en un rien de temps. Une fonctionnalité très pratique qui permet de rapidement supprimer la contrainte du volume de coffre ridicule en configuration 4 places (32 décimètres cubes).


Le design intérieur inclut également une belle intégration des hauts parleurs, comme ici à l'arrière où le haut parleur est caché par un panneau composé de trous alvéolaires à la manière d'une grille.

Assis à l'arrière, on ne manque pas de place au niveau des jambes, grâce à un espace prévu à cet effet entre les sièges avant, derrière le rangement porte-gobelet, où les passagers arrière peuvent étendre leur jambe située la plus à l'intérieur du véhicule. Le tout sans gêner le conducteur bien entendu.


Un aspect très agréable sur ce modèle, le toit ouvrant qui permettrait presque de se croire dans un cabriolet en plein été. Une option très rare sur ces modèles puisque non spécifiée dans le catalogue (mais belle et bien existante) : un toit ouvrant multi-commandes installé par le fabricant allemand Webasto. On dispose également d'un petit store pour éviter d'être ébloui en cas de fort ensoleillement, pratique !



Motorisation

Le modèle essayé ici est celui de la version de base 68 VVT-i, déjà bien complet en équipements. Un moteur essence injection de 68 chevaux donc, moteur nerveux et souple à hauts régimes. C'est un moteur plutôt réputé increvable, la voiture étant fabriquée au Japon (où les normes de fabrication sont plus pointilleuses), les problèmes se font rares avec ce modèle. C'est aussi la fabrication Japonaise qui a permis à Toyota d'acquérir une notoriété de marque fiable, avec ses modèles importés du pays du soleil levant.


On évoquera également que c'est un moteur écologique, puisqu'il ne rejette que 99 grammes de CO2 par kilomètre, et consomme moins de 5 litres au 100, ce qui permettait à l'iQ de bénéficier d'un bonus écologique !


Sous le capot on est ainsi surpris par le peu de volume qu'il occupe ! Déjà que le compartiment moteur n'est pas grand, il y a de quoi remplacer par un moteur de plus grosse cylindrée. Et c'est justement ce qui existe sur l'iQ : les versions plus haut placées en gamme disposent de moteurs essence et diesel de 100 et 90 chevaux respectifs. De quoi faire de l'iQ une petite bombinette de ville, c'est ainsi qu'on trouve des versions Sport baptisées "iQ City Racer" avec toutes options intégrées !

Pour ceux qui désirent encore plus de l'iQ, à un niveau de luxe, c'est également possible...


Aston Martin en a même commercialisé !

Et ce n'est pas une plaisanterie. Il faut croire que l'iQ s'avérait tant réussie qu'Aston Martin a décidé d'en commercialiser, au design retravaillé pour coller à la ligne des modèles de la marque britannique.

" Prenez une Toyota iQ, ajoutez lui la fameuse calandre en ailes d'anges, tapissez là entièrement de cuir pleine fleur, saupoudrez de chrome véritable, collez lui le badge Aston Martin, facturez la 38 500 € sans options, mélangez et vous obtenez la City Car 007 qui veut se faire une place au soleil aux côtés de la Mini et la Fiat 500. "

Pour faire passer la pilule du rebadging, la Cygnet ne devait être au départ qu’une courtesy, une faveur faite aux acheteurs d’Aston Martin pour évoluer avec style entre la City et Coven Garden. Une annexe pour la ville quand la DBS dort au garage. Une attention charmante entre gens du même monde. Oui mais voilà, enivrés par des désirs de mondialisation à marche forcée, les dirigeants d’Aston se sont dit que la Cygnet pouvait jouer dans la cour des constructeurs premium et assurer la pérennité de l’entreprise... et la leur par la même occasion. La Cygnet fut un véritable flop, à peine 300 exemplaires !


Sécurité

Caser 4 passagers dans moins de 3 mètres, la Fiat 500 l'avait fait il y a 60 ans me direz-vous... oui, certes ! Mais là où l'iQ fait la différence, c'est sur la sécurité : elle garantit à ses passagers un degré de protection inédit pour une citadine de ce segment.

Citons par exemple une batterie impressionnante de neuf coussins de sécurité comprenant un airbag dans l'assise du passager avant, un autre pour les genoux du conducteur ainsi qu'un tout nouvel airbag rideau de lunette arrière. Une première mondiale qui prend tout son sens étant donnée la distance entre les appuie-têtes et la lunette arrière !


Conclusion : un futur collector

Originale, rare et unique, l'iQ est une drôle de voiture comme on en voit hélas de moins en moins. Un petit pot de yaourt sur roues très apprécié des enfants mais qui n'a pas réussi à trouver son marché, sa clientèle.

La finition de l'iQ est assez bonne, et son comportement agréable en ravira plus d'un. Son design plaît à certains et déplaît à d'autres, mais après tout n'est-ce pas ce qui fait un design réussi ? J'en veux pour exemple le Nissan Juke, succès commercial, dont la ligne est tantôt adorée par certains, tantôt détestée par d'autres.

Confortable et sûre, elle avait tous les atouts pour faire rougir les Smart et autres Fiat 500 sur le marché. Mais elle a manqué de notoriété, de publicité, et d'attractivité.

Cas unique sur le marché, à la fois un peu plus volumineuse mais plus spacieuse et plus maniable qu'une Smart, tout en restant juste sous les 3 mètres de long, l'iQ qui semblait destinée à connaître le succès dans les grandes villes, s'est soldée par un échec. Autant en Europe, et notamment en France, qu'au Japon où les ventes se sont effondrées dès le premier semestre de sa commercialisation. Toyota a décidé d'arrêter la commercialisation de l'IQ en Europe depuis mars 2014, mais elle est toujours disponible au Japon.

A l'heure où les autres conducteurs ont joué la carte de la personnalisation, l'iQ s'est montrée trop sobre en dépit de certaines tentatives du constructeur par le lancement de séries spéciales "Black Edition", "S Edition" ou "Iconic iQ".

Il n'empêche que cette voiture est un concentré de qualités (les qualificatifs ne manquent pas à ce sujet) qui en fait une voiture agréable au quotidien.

C'est sa rareté, sa polyvalence et son originalité qui la vouent à devenir un collector dans quelques années, notamment dans le domaine restreint des micro-citadines où la Smart, moins bien finie, s'est imposée comme la référence en faisant oublier ses concurrentes.


10 raisons qui font de l'iQ une voiture pas comme les autres

1. 4 places dans moins de 3 mètres de long

2. Un design mathématique qui vieillit bien

3. Elle se conduit comme un karting

4. Elle avait le meilleur rayon de braquage du marché, à sa sortie

5. Aston Martin en a commercialisé

6. Elle est increvable

7. Les enfants l'apprécient

8. Elle existe en version sport et en séries limitées

9. Elle est écologique

10. Elle est ultra-sécurisée (pour une citadine de son époque)


Sources

Top Gear Car Reviews - Toyota iQ : https://www.topgear.com/car-reviews/toyota/iq

Toyota iQ : futur collector ? - Essai (Petites Observations Automobiles) : https://www.youtube.com/watch?v=le4uXGopKEc

Toyota iQ : Pourquoi elle n'a pas marché ? (Petites Observations Automobiles) : https://www.youtube.com/watch?v=tTry2kiFP9A

150 Aston Martin Cygnet, les raisons d’un naufrage pourtant prévisible (Petites Observations Automobiles) : http://www.petites-observations-automobile.com/2013/10/150-aston-martin-cygnet.html

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